Où sont les frères+, les sœurs &= les adelphes sur le mur de la gloire ? - en cours

Dans Do The Right Thing de Spike Lee (1989), le personnage afro-américain Buggin’ Out s’insurge du fait que le “Wall of Fame” de la pizzeria Sal’s, dans le quartier noir de Brooklyn, ne contienne aucun “brother”, sous-entendu aucune personnalité noire.

De mon côté, en tant qu’étudiante noire, je me demande : où sont les frères+, mais aussi les sœurs &= les adelphes sur le mur de la gloire ? — sous-entendu, où sont les artistes noir·e·s dans les noms de l’art et du design qu’on nous cite en référence ?

Pour mon projet de diplôme de Master au Campus Fonderie de l’Image, j’ai voulu mettre en formes et en lumière les ressources que j’ai découvertes pendant mon mémoire de recherche: ces artistes, designers, chercheur·euse·s en art noir·e·s auxquel·le·s ces disciplines doivent tant, mais qui sont absent·e·s des corpus d’études, des anthologies et souvent des institutions artistiques.

Or, iels existent et ne sont pas toustes né·e·s hier... Les mouvements sociaux de cette dernière année ont fait surgir nombre de syllabus et de ressources qui attestent de leur existence et de leur importance. Ces praticien·ne·s n’ont pas été considéré·e·s comme tel·le·s ou n’ont pas réellement fait leur entrée sur le wall of fame de l’art et du design.

Pour tenter de remédier à cette absence, je propose un projet de hacking, d’irruption spontanée de ces personnalités dans les espaces publics où l’art et le design noir est encore trop absent — à commencer par les murs de mon lieu d’étude.

Composé de plusieurs éléments à imprimer et à mettre en circulation partout où ils sont nécessaires (école, musée, rue...), l’anthologie se présente sous la forme :
— d’un répertoire, liste incomplète d’artistes et designers noir·e·s, disponible en version papier et sur un document en ligne

— de marque-pages à glisser dans les livres où ces artistes et designers manquent
— de textes manifestes à afficher, écrits par des praticien·ne·s qui théorisent sur les raisons de cette absence
— d’affiches pour faire les connaîtres de tou·te·s
Enfin, un site internet permet aux lecteur·ice·s de retrouver les sources citées
et de les compléter elleux-mêmes via un document collaboratif.

Formellement, je souhaite à fois m’éloigner des formes très frontales du militantisme, tout
en ré-employant les principes démocratiques par lesquels il se présente souvent : les prospectus distribués en manifestation, la convention collective punaisée dans les salles de pause des employé·e·s, les affiches rapidement imprimées via le copieur des entreprises... Mon but est de donner envie aux personnes intéressées de se les procurer facilement, de les afficher partout où bon leur semble.

Par conséquent, je m’impose :
— le format DIN, en pensant mes formes du A5 au A0
— de prendre en compte, dans les visuels que je produis, les marges automatiques
et difficilement réglables que font les copieurs classiques
— le noir et blanc pour des raisons économiques, tout en produisant des formes marquantes qui savent capter l’attention
— d’utiliser des typographies conçues par des typographes concerné·e·s
— de préparer des .pdf mosaïque et un mode d’emploi afin de faciliter la démarche d’impression et de façonnage des livrables au dessus du format A3.

Ces premiers éléments de recherche me permettent d’envisager, à terme, la création de data-visualisations historiques, géographiques et sociales précises sur ces mêmes artistes.